La crise est-elle à ce point prononcée qu’il nous faille nous contenter d’un recyclage d’idées ? Fi d’inspirations transcendantes, visionnaires ou novatrices, le temps politique semble s’être arrêté sur quelques vieilles recettes dont tout laisse à penser qu’elles produiront les mêmes effets (ce toujours plus de la même chose en lequel nous sommes enferré depuis plusieurs décennies) face à une société qui, elle, change. L’incapacité tenace à prendre en compte ce changement laisse augurer des lendemains qui déchantent.
Quid d’une politique prospective en matière d’urbanisme où le commerce local serait privilégié face à la grande distribution ou aux zonings commerciaux ? Quid d’une inclinaison à développer la mobilité douce face à l’omniprésence du véhicule moteur ? Quid encore d’un projet à moyen ou long terme qui ferait d’Arlon une ville en construction (sociale, économique, touristique, etc.) plus qu’en délitement ? C’est là quelques interrogations que nous nous posons face aux faibles perspectives que nous offrent les politiques locales, à de rares exceptions près, face à la gestion d’un bien commun, en l’occurrence notre ville. Car c’est bien de cela dont il s’agit, faire d’une cité un espace collectif où vivre ensemble, dans la diversité qui fait les sociétés d’aujourd’hui. Hormis à tenter de satisfaire une somme d’individualités ( ce qui n’a jamais fait un projet de société), l’on a peine à reconnaître en les programmes politiques (encore en gestation il est vrai) quelques éléments fédérateurs pouvant accroître la qualité de vie d’une ville possédant nombre d’atouts inexploités et/ou laissés à l’abandon.
Certes, et selon nous, tous les partis ne se valent pas. Certains préfèrent à la consultation populaire les avantages d’une position autistique ou méprisante face à celles et ceux qui oseraient vouloir, modestement,… améliorer les choses et apporter leur concours à cet effet. D’autres encore ont intégré cette pratique depuis plusieurs décennies mais peinent à trouver écho parmi la population ou à en relayer les préoccupations ou les idées. Mais les politiques ne sont pas responsables de tout. La relation se jouant entre eux et la population implique aussi cette dernière. La docilité, du moins partielle, de cette population est trop souvent prise pour un blanc-seing appelé à être reconduit à chaque élection. Plus qu’électeurs, le citoyen se devrait d’être évaluateur des politiques publiques et insuffleur de critiques (tant positives que négatives du reste) pour une politique à réinventer. D’abord et aussi un métier, le mandat local alloué aux politiques exigerait aussi le respect de cette relation sans laquelle il ne serait pas là et qui le lie, nécessairement, à celles et ceux qui doivent conserver ce droit à l’expression de mécontentements (aussi bien qu’aux contentements d’ailleurs – car tout n’est pas toujours mauvais). Mais si parler est essentiel, écouter l’est tout autant. A moins que l’on ne soit suffisant ou omniscient…
Grégory Lambrette
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