jeudi 21 juin 2012

Arlon - Il ne faut pas que des commerces pour faire vivre une ville…



Tant de façades qui se lézardent !


Un sentiment d’abandon…
Pour les habitants qui traversent régulièrement le centre-ville d’Arlon, c’est parfois le sentiment d’abandon qui domine : surfaces commerciales vides depuis des mois, voire des années, absence de remplacement du mobilier public défectueux, incivilités diverses… L’ASBL Gestion centre-ville a récemment mené une enquête auprès des commerçants et des chalands : la perception est plus négative que lors du précédent sondage.
Mais il n’y a pas que les commerces et l’espace public qui sont en cause : les logements du centre se précarisent, les boîtes aux lettres se multiplient sur d’anciennes maisons subdivisées en de nombreux appartements mal insonorisés, des vitrines d’anciens magasins se reconvertissent en logements, avec un simple rideau pour façade… Alors que les conditions de vie sont a priori favorables (proximité de services, de la gare, des commerces, des écoles, des administrations…), le parc immobilier se détériore progressivement et n’est pas attractif, sauf pour celles et ceux qui ne sont pas en mesure d’exiger plus…
Et avec ça, de toutes fraîches rénovations dans le centre ne trouvent pas de locataires !

Une taverne située dans 
le quartier pittoresque...
 mais qui reste vide.
Pourquoi ?
Le coût des loyers commerciaux ? Un manque d’attractivité de la ville ? Un statut d’indépendant peu favorable ? Des problèmes de mobilité ?
 Une image « négative » de la ville qui a la dent dure à l’extérieur ?
Et au niveau des logements, pourquoi si peu d’initiatives ? Quelle est la cause ? L’exiguïté des parcelles, des îlots intérieurs sans verdure ni jardins, avec des vis-à-vis oppressants? L’état de vétusté des bâtiments ? Des façades étroites où il n’est pas possible d’aménager d’accès séparé entre le commerce et les étages ? Un coût des loyers disproportionné en rapport avec les standards proposés en périphérie ? Trop de nuisances de voisinage ?...

Ou bien un manque d’initiative, l’absence d’un véritable projet de vie en ville ?



Mais par où commencer ?
Car pour favoriser une vie au centre-ville, il faut des commerces mais également des logements et donc des espaces publics pour ceux qui n’auront pas de jardin. Il faut des jeunes gens qui habitent dans un studio le temps de s’installer dans la vie, des personnes âgées qui ne souhaitent plus entretenir un grand jardin et qui sont heureuses avec un appartement où elles peuvent recevoir leurs petits-enfants, des employés qui travaillent dans les commerces et diverses administrations que la ville abrite, des étudiants qui mangent un sandwich sur le temps de midi, mais également des familles qui partent le matin conduire leurs enfants à l’école à pied, qui achètent le journal au passage à la librairie du coin…  sans devoir prendre une voiture pour se déplacer.
Pour développer une politique intégrée de gestion du centre-ville, il faudrait développer et soutenir le commerce, mais également initier du logement, réinventer la mobilité, créer des espaces publics…
 Ne faudrait-il pas une sorte d’échevinat « de l’urbanité », spécifiquement dédié aux politiques de la Ville, un véritable chapeau des multiples acteurs du centre-ville et de ses utilisateurs, qu’ils soient commerçants, habitants, étudiants, touristes… Ou encore initier une nouvelle démarche de type « rénovation urbaine » avec un périmètre et des objectifs nouveaux ? En effet, Arlon dispose d’un périmètre de rénovation urbaine depuis 1975 (modifié en 1985), notamment pour l’achat, la démolition et la reconstruction de l’îlot Vierge Noire… Si les objectifs de reconstruction ont été atteints, la qualité de vie de l’ensemble du quartier en est-elle pour autant  assurée ? Un projet plus global n’est-il pas dorénavant nécessaire ?
Et comme l’argent est le nerf de la guerre, pourquoi ne pas commencer par taxer les bâtiments inoccupés de longue date, comme d’autres villes de Wallonie le font ? Pourquoi ne pas proposer une fiscalité avantageuse pour ceux qui rénovent et habitent le centre-ville ? Est-il encore normal qu’aujourd’hui, le revenu cadastral d’une petite maison de la place de l’Yser, à rénover intégralement,  soit presque deux fois plus élevé que celui d’une ample ferme restaurée, avec un précompte immobilier et des frais d’enregistrement plus importants ?

Il appartient aux futurs élus de notre ville de décider de son avenir : une ville de passage, une ville-dortoir ? Ou bien une ville qui vit, tout simplement et dont on est fier… Et de se doter des moyens nécessaires…


Rue Porte Neuve, une maison abandonnée,
 ouverte à tous vents.


D’autres villes l’ont fait !

Un schéma directeur pour une politique active de rénovation urbaine !

« Depuis 1996, le quartier Saint-Léonard (Liège) bénéficie d’une politique active de rénovation urbaine (ZIP-QI). Elle permet de répondre à des problématiques en matière d’aménagement du territoire et de logement dans le quartier. Le schéma directeur, fruit d'un long processus de consultation mené avec les différents acteurs du quartier, est approuvé par le conseil communal en 1997 et va servir de fil conducteur pour les différentes opérations réalisées dans le quartier.
        










 Un projet de quartier élaboré d’une façon participative avec un bureau d’urbanisme (AURAL) et l’équipe de la Boutique urbaine de la Ville de    Liège. Il définit des objectifs stratégiques et des actions à mener aux niveaux physique, économique et social.

         Le projet de quartier est traduit en schéma directeur, c’est-à-dire un plan d’implantation des actions.
          La reconnaissance comme ZIP-QI permet à la commune d’obtenir des subsides spécifiques et aux habitants de bénéficier d’aides accrues en matière de logement.

  Une commission de rénovation urbaine, composée des mandataires publics, de représentants des associations et des habitants, accompagne le processus de rénovation urbaine. Un règlement communal précise sa composition et son mode de fonctionnement. La commission donne son avis concernant les opérations de rénovation en cours.
  Un chef de projet assure la coordination générale du processus de rénovation urbaine du quartier. Il doit entreprendre toute démarche utile pour permettre le financement et la mise en œuvre des projets du schéma directeur. »



De pudiques autocollants masquent les vitrines d'un immeuble du piétonnier,
 complètement dégradé par les infiltrations d'eau et les pigeons.
Auteurs : Cécile Francescangeli et Gudrun Smalle


8 commentaires:

  1. Très bel article, beau travail, bravo les filles... j'espère que cela donnera des idées à nos élus et citoyens !

    RépondreSupprimer
  2. Vous avez résumé en quelques très belles lignes (enfin, plus que cela) toute la problématique du Centre-Ville d'Arlon. Rien à rajouter !

    RépondreSupprimer
  3. Enfin, si ! A qui la faute de l'état déplorable de notre Centre ? Segmentations des projets et travaux ; manque (absence ?) de communication avec les citoyens et vers l'extérieur ; vision politique de long terme inconnue ;...
    Le 14 octobre, ce sera peut-être l'occasion d'arrêter le délitement de notre ville.

    RépondreSupprimer
  4. Nos élus délèguent leurs pouvoirs et leurs responsabilités à des ASBL du style "gestion centre ville" ,se déchargeant ainsi de tout travail effectif sur le terrain.
    Au final ,le contribuable paye 2 fois pour un service totalement inefficace.

    RépondreSupprimer
  5. Et le paradoxe est que plutôt que de rénover et de se concacrer à tous ces immeubles vides ou en très mauvais état, la ville et les entrepreneurs préfèrent construire de nouveaux immeubles ou pseudo "éco-quartiers" ... avec des loyers beaucoup trop élevés.

    RépondreSupprimer
  6. excellent cet article...super travail. J'espère que nos édiles le lirons et en tirerons une leçon ( ce dont je doute, vu le manque d'intérêt de ceux=ci pour cette problématique).
    Il est plus que temps qu'Arlon se réveille, elle a un tel potentiel

    RépondreSupprimer
  7. Complétement d'accord. Mais à qui voter alors?

    RépondreSupprimer
  8. Excellent article! C'est triste, mais on pourrat faire app le même analyse à niveau culturel...

    RépondreSupprimer